Genève, le 2 mars 2022
Les décisions prises par le Conseil fédéral le 28 février ont suscité de vifs débats dans la société car elles ont touché l’un des piliers fondateurs de notre pays, la neutralité. Il ne s’agit pas seulement d’un idéal mais d’un principe qui a garanti la prospérité au cours de notre histoire. En voyant le nombre de conflits croitre partout dans le monde, il est surprenant de voir l’abandon de l’une de nos plus grandes garanties de sécurité.
Il convient de rappeler que la neutralité suisse a été à l’origine de l’implantation de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, puis de l’ONU après la Seconde Guerre mondiale. L’image de la Suisse subit donc une lourde perturbation après ce triste précédent en ce qui concerne son attractivité diplomatique. Nous risquons désormais de laisser dans le passé la place centrale qu’a eu notre Confédération lors de plusieurs processus d’apaisement. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov a notamment annulé son voyage prévu mardi à Genève, démontrant la contre-productivité des récentes décisions du conseil fédéral.
Il faut également souligner queGenève plus que les autres cantons vont souffrir de ces sanctions envers la Russie. Un tiers des placements étrangers russes sont placés en Suisse, la gestion de fortune très présente à Genève est en première ligne. De plus cela engendre des dégâts d’image important pour la place financière. L’atout majeur de la Suisse est son image de havre de paix et de sécurité, geler les comptes des personnes ayant le malheur d’être d’une certaine nationalité va endommager gravement cette image.
La Suisse à travers ses institutions diplomatiques et son savoir-faire a toutes les capacités de résoudre ce conflit par la paix plutôt que par une guerre économique.
Joé Fivaz, Vice-président