DIGITALISATION ET PROTECTION DES DONNÉES : DÉFIS ET OPPORTUNITÉS
Comment assurer le respect de la vie privée face à la numérisation ? Le troisième atelier de l’Université d’été s’est penché sur cette problématique. Jacques Douzals, membre des JLRG et candidat au Grand Conseil, revient sur les vifs débats qui ont alimenté les réflexions.
L’université d’été a également été l’occasion pour les membres de s’informer et de discuter des défis et des opportunités que représente la digitalisation pour la protection des données. L’importance de ce sujet pour le PLR découle notamment du fait que la protection des données vise à protéger la sphère privée des citoyens, valeur libérale-radicale par excellence. Nous sommes en effet tous conscients des risques liés à la quantité importante de données recueillies sur nous
– l’on pensera notamment à Google, Facebook et Apple pour ne nommer qu’elles. Ces risques suscitent des interrogations légitimes, auxquelles il est important d’apporter des réponses, et ce notamment en vue des élections cantonales de 2018.
Cette problématique était l’objet du troisième atelier de l’Université d’été 2017, intitulé « Protection des données : De la sensibilisation des élèves au coffre-fort numérique suisse » et modéré par Jean-Pierre Pasquier, sous-directeur des ressources humaines dans une entreprise horlogère et candidat au Grand Conseil.
L’auteur de ces lignes a tout d’abord brièvement présenté le cadre légal en matière de protection des données et attiré l’attention des membres sur les réformes actuellement en cours sur le plan fédéral et ayant notamment pour but d’adapter le droit suisse au droit européen.
La Suisse : coffre-fort numérique mondial ?
Le premier thème a ensuite été présenté par Laurence Halifi, présidente du Strategic Board de VigiSwiss, association de data centers en Suisse. Elle a souligné les défis que pose le stockage de données et l’opportunité que cela représenterait pour la Suisse si nous décidions de profiler notre pays comme coffre-fort numérique mondial pour toutes les données légales.
Un tel positionnement aurait notamment pour but de préserver la mémoire numérique universelle et permettrait de s’assurer que les données soient hébergées en lieu sûr avec des standards de qualité élevés. Laurence Halifi a par ailleurs attiré l’attention des participants sur la volonté de certains experts d’établir une
Déclaration de Genève sur le cyberespace, qui permettrait à la Suisse de contribuer au maintien de la paix dans le domaine de la cybersécurité.
Malgré un temps limité à disposition, les discussions ont été vives et constructives. Les questions à propos de ce premier thème ont été nombreuses. Elles ont notamment porté sur la question de savoir comment nous pourrions nous assurer de l’absence de données illégales dans les data centers en Suisse afin d’éviter que notre pays ne se transforme en plateforme mondiale des données illégales. Un problème que cette question pourrait poser est celui du risque d’intrusion des
data centers dans les données qu’ils hébergent afin de vérifier la légalité desdites données. La cherté de la Suisse et le manque de compétitivité qu’elle cause pour les data centers en Suisse ont également été abordés.
Laurence Halifi a répondu à ces questions en indiquant qu’il est souvent possible d’anticiper le stockage de données illégales et que les data centers collaborent avec les autorités compétentes en cas de soupçons d’illégalité. Par ailleurs, la compétitivité de la Suisse pourrait être augmentée si les coûts d’exploitation – et notamment ceux liés à l’énergie – étaient revus à la baisse et si la Suisse évitait de surréglementer ce domaine.
La sensibilisation à la numérisation dès l’enfance
Sabrina Cohen-Dumani, présidente de la fondation Nomads, a ensuite exposé les raisons pour lesquelles il est important de sensibiliser les élèves à la numérisation. En effet, il est essentiel de préparer les générations futures à la quatrième révolution industrielle et de leur donner les moyens de s’adapter aux métiers que la digitalisation créera. A également été abordée la question de savoir s’il ne faudrait pas intégrer le codage dans
les cours obligatoires, comme le prévoit le Lehrplan 21 applicable dans la majorité des cantons suisse-allemands. C’était aussi l’occasion de rappeler que cette proposition fait l’objet de la motion M 2404 récemment déposée par notre Président et candidat au Conseil d’Etat, Alexandre de Senarclens.
« Le PLR a un rôle à jouer pour maintenir la compétitivité de la Suisse tout en garantissant une protection adéquate des citoyens. »
Ce second thème a en outre conduit à plusieurs questions, notamment celles de savoir si l’école était le meilleur endroit pour former les jeunes à la numérisation et s’il ne fallait pas autoriser les élèves à utiliser leurs téléphones portables à l’école. Afin de mieux sensibiliser les élèves aux défis que pose la digitalisation de la société, une solution qui a été soulevée est l’introduction de cours d’informatique dès l’école primaire, comme le prévoit le Lehrplan 21; une telle formation précoce semble en effet indispensable pour que les élèves puissent être informés des risques auxquels ils sont exposés et, ainsi, agir de manière responsable.
L’adoption par le Conseil fédéral le 15 septembre 2017 de l’avant-projet de révision de la loi sur la protection des données, qui vise à « adapter la protection des données et [à] renforcer les droits des citoyens » souligne l’actualité de cet atelier. Les discussions sur les défis que pose la digitalisation pour la protection des données ne font donc que commencer et le PLR a un rôle à jouer pour maintenir la compétitivité de la Suisse tout en garantissant une protection adéquate des citoyens.
Jacques Douzals
Secrétaire des JLRG